Aix-en-Provence, 2019
Ce n'est peut-être ni mon rôle ni ma place, je ne suis peut-être pas légitime à parler de ces sujets mais cet article est pour moi un moyen de donner davantage de visibilité aux luttes contre le racisme et d'exprimer ma solidarité. Aujourd’hui, je partage donc quelques éléments culturels réalisés ou écrits par des personnes racisées ou bien des supports qui traitent directement de la condition noire.
Je ne suis en rien spécialiste de la question et la sélection présentée ci-dessous est très loin d’être exhaustive (et ce n’est pas son but), c’est pour cela que tu trouveras en fin d’article deux liens vers des ressources francophones et anglophones pour s’ouvrir et s’éduquer sur la question à travers de nombreux supports !
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Lorsque j’ai commencé à chercher dans mes références culturelles et que j’ai ensuite élargi à toute la sphère d’Internet, je me suis confrontée à une réalité assez édifiante et révélatrice de problématiques plus larges. En effet, je me suis rendu compte que les artistes blancs étaient surreprésentés, omniprésents, partout. De la même manière que l’on fait de plus en plus ce constat autour de la place accordées aux femmes dans la société, on peut - et je dirais même, on doit - élargir notre regard pour considérer les minorités dans leur ensemble. Aujourd’hui, elles sont peu représentées, sous-représentées, effacées. Or, avoir sa place sur les scènes culturelle et politique, c’est avoir la parole, c’est avoir le droit de parler et de s’exprimer. En clair, c’est avoir le droit d’exister, c’est avoir des droits.
Grâce à ces quelques éléments, j’espère te faire découvrir davantage de réalisations qui méritent d’avoir de la visibilité et d’être appréciées esthétiquement et/ou culturellement tout en attisant ta curiosité pour que toi aussi, à ton tour, tu aies envie de chercher à découvrir de nouvelles œuvres et artistes.
Livres
Peau noire, masques blancs de Franz FANON, 1971
Malgré la décolonisation, le rapport Noir-Blanc reste souvent défini par une relation de domination selon le modèle colonial. Ici, l’auteur tente donc de combattre le racisme en s’appuyant notamment sur des références et des ressources des sciences humaines et sociales qui lui permettent de déconstruire progressivement ce schéma de domination et de discrimination.
La condition noire, Essai sur une minorité française de Pap NDIAYE, 2009
« Exploits des sportifs de haut niveau, émeutes en banlieue, lutte contre le racisme et les discriminations, mouvement associatif : depuis une dizaine d’années, les Noirs vivant en France métropolitaine sont apparus si visiblement sur la scène publique nationale qu’on peut parler aujourd’hui d’une « question noire » française. Plusieurs livres d’actualité ont relayé ces enjeux, mais jusqu’à présent, ils n’étaient pas encore étayés par des travaux de réflexion qui permettraient de les expliquer avec savoir et méthode. C’est à ce travail fondateur de black studies à la française que Pap Ndiaye s’est consacré.
Comment définir les Noirs de France ? L’auteur démontre brillamment que la « condition noire » désigne une situation sociale qui n’est celle ni d’une classe, d’une caste ou d’une communauté, mais d’une minorité, c’est-à-dire d’un groupe de personnes ayant en partage l’expérience sociale d’être généralement considérées comme noires.
Cet essai dense et limpide décrit et analyse l’expérience de ces hommes et de ces femmes du XVIIIe siècle à nos jours. » (https://calmann-levy.fr/livre/la-condition-noire-9782702138076)
Noire n’est pas mon métier, Ouvrage collectif, 2018
« Cet ouvrage dénonce les discriminations et les stéréotypes dont les femmes noires et métisses sont victimes dans le milieu du cinéma français mais aussi à la télévision, au théâtre et dans le monde culturel en général. Les contributrices de l'ouvrage espèrent ainsi enclencher un véritable mouvement collectif et obtenir une meilleure représentation de la diversité. » (https://www.babelio.com/livres/Maiga-Noire-nest-pas-mon-metier/1041590)
Films (par ordre chronologique)
Selma de Ava DUVERNAY, 2014
Ce film retrace l’histoire de Martin Luther King et de la lutte qu’il a menée pour élargir le droit de vote à tous les citoyens des États-Unis dans les années 1960. Il permet donc d’en apprendre davantage sur cet événement et sur l’histoire de la condition des citoyens afro-américains.
Moonlight de Barry JENKINS, 2016
Ce film multi-récompensé narre le parcours de Chiron, un jeune homme afro-américain qui a grandi dans un quartier difficile de Miami. Sa quête identitaire, de l’enfance à l’âge adulte, est marquée par un tiraillement entre violence et jugements extérieurs autour de sa couleur de peau mais aussi de sa sexualité dans les États-Unis des années 1980. À voir absolument !
Fences de Denzel WASHINGTON, 2016
Fences, c’est l’histoire d’une famille afro-amériacaine déchirée par des aspirations divergentes, par des regrets, des attentes et des rêves contradictoires qui lient pourtant ses membres. Troy Maxson, un père qui a dû abandonner ses ambitions d’une carrière de sportif professionnel pour devenir employé municipal et répondre aux besoins de sa famille, est un personnage amer qui a du mal à tourner la page. Ce film permet de comprendre et de mesurer la difficulté d’être une famille étasunienne et qui, plus est, d’être une famille afro-américaine.
Get Out de Jordan PEELE, 2017
Ce chef d’œuvre cinématographique à la fois intrigant et perturbant se concentre sur Chris et Rose. Ce jeune couple mixte part rencontrer la famille de celle-ci pour un week-end. Dès le début du film, la question de la couleur de peau de Chris semble centrale. Les événements étranges se succèdent et l’atmosphère se tend, entraînant le spectateur dans les abîmes d’un univers fictif qui exacerbe des problématiques raciales et racistes bien réelles…
Rafiki de Wanuri KAHIU, 2018
À Nairobi, capitale du Kenya, deux jeunes femmes aux personnalités divergentes, Kena et Ziki, pourtant divisées par la campagne politique qui oppose leurs pères, se voient peu à peu réunies par une amitié et un amour naissants dans une société conservatrice. Le lien qui les unit est alors mis à l’épreuve par le contexte socio-politique mais aussi familial dans lequel elles évoluent et qui les contraint à choisir entre amour et sécurité. Ce film émouvant est marqué par un contraste saisissant entre des couleurs acidulées, symboles de vie et d’espoir, et une atmosphère austère caractérisée par la violence et le poids des impératifs sociaux.
Documentaires (en ce moment disponibles sur Arte)
Trop noire pour être Française ? d'Isabelle BONI-CLAVERIE, 2013 : Dans ce documentaire, la réalisatrice « montre combien le passé colonial conditionne le regard de la France sur ses citoyens noirs et se penche sur ce qui bloque l'ascension sociale de ces derniers. »
Je ne suis pas votre nègre de Raoul PECK, 2015 : « À partir des textes de l'écrivain noir américain James Baldwin (1924-1987), le cinéaste Raoul Peck revisite les années sanglantes de lutte pour les droits civiques, à travers notamment les assassinats de Martin Luther King Jr., Medgar Evers et Malcolm X. Un éblouissant réquisitoire sur la question raciale. »
Séries
Dear White People de Justin SIMIEN, 2017
(Série adaptée du film éponyme du même réalisateur sorti en 2014)
Cette série se déroule sur le campus universitaire à majorité blanche de Winchester où Sam White, une étudiante métisse, anime une émission de radio polémique dans laquelle elle dénonce les injustices raciales et sociales, dont elle est témoin mais aussi victime, en interpelant directement ses oppresseurs par l’apostrophe « Dear White People », souvent suivie d’un discours cinglant.
When They See Us (Dans leur regard) de Ava DUVERNAY, 2019
Cette mini-série poignante est inspirée d’une histoire vraie, celle de cinq adolescents accusés du viol collectif d’une femme à Central Park, à New York. Alors qu’ils étaient innocents, leur couleur de peau et leurs origines ethniques ont été l’objet de discriminations et d’accusations infondées, largement motivées par un racisme ambiant et des tensions pour désigner un bouc émissaire.
Podcasts
Kiffe ta race par Binge Audio : Grâce à des témoignages et des récits personnels, ce podcast met en avant des conversations qui portent sur des débats et des expériences autour des questions raciales. Très éclairant pour s’éduquer et se remettre en question !
Extimités co-hosté par Douce Dibondo et Anthony Vincent : Ce podcast donne la parole à des personnes issues de minorités différentes et permet d’en apprendre davantage sur le concept sociologique d’intersectionnalité qui désigne l’accumulation et le croisement des discriminations contre un seul individu. Ce concept permet de qualifier la situation de personnes qui appartiennent simultanément à plusieurs minorités et qui peuvent donc subir plusieurs formes de domination et de discriminations selon leur sexe, leur couleur de peau, leur orientation sexuelle ou leur handicap notamment.
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Ressources francophones
Ressources anglophones
Je suis à l’écoute de toute proposition et de tout témoignage. Si tu as des suggestions de références et d’initiatives culturelles auxquelles tu aimerais donner davantage de visibilité, n’hésites pas à les partager en commentaire ! Nous sommes tous et toutes là pour apprendre, pour écouter afin de pouvoir faire entendre les voix de ceux et de celles qui trop longtemps ont été réduits au silence.
Toutes les photos et réflexions sont personnelles, merci de respecter les droits.



Je suis totalement d'accord avec toi quand tu parles d'élargir son regard, c'est important de diversifier le contenu culturel qu'on consomme. En tout cas, j'essaie autant que possible de diversifier les nationalités (et aussi les époques) des contenus que je consomme, notamment les films, même si c'est plus compliqué car certaines œuvres nous sont moins accessibles. En bref, ça demande un effort supplémentaire, mais c'est important.
RépondreSupprimerIl y a de belles propositions dans ton article en tout cas :) Je ne connais pas du tout le film "Fences", je vais me pencher dessus. J'ai déjà prévu de regarder "Je ne suis pas votre nègre", et je me note le podcast Extimités, que je ne connais pas non plus !
C'est vrai que niveau culture on a un peu tendance à prendre ce qui vient, ce sur quoi on tombe par hasard ou dont on a entendu parlé sans forcément faire des recherches énormes juste dans le but de trouver un film par exemple. Je sais que c'est également mon cas mais comme on peut le constater, le problème, c'est qu'il y a une culture dominante et une culture dominée tapie dans l'ombre à laquelle on a accès plus difficilement ou du moins plus indirectement. C'est donc sur cela qu'il faut chercher notre manière de "consommer" et d'aborder la culture pour parvenir à s'émanciper de la culture "facile" (celle qui est évidente et omniprésente, celle qui s'impose à nous je dirais) pour élargir nos perspectives et donc ouvrir notre esprit (et par là même notre culture personnelle et générale !). 😊
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