MUCEM, Marseille, 2019
Aujourd’hui, je reviens avec un format différent des réflexions habituelles puisque je présente un « bilan culturel » c’est-à-dire une compilation des éléments « culturels » que j’ai découverts ou consultés au cours des dernières semaines. Je te partage ainsi mon ressenti, mon avis le plus constructif possible sur mes dernières expériences culturelles. Cela peut être l’occasion pour toi de découvrir de nouvelles perspectives que tu ne connaissais pas, d’en apprendre davantage sur moi ou tout simplement d’obtenir un point de vue différent du tien sur une œuvre - ce qui ne veut pas forcément dire un avis contradictoire mais cela permet toujours d’enrichir la réflexion -. 😉
Comme tu pourras le remarquer, je n’évoque aucune œuvre littéraire ou livre en général car depuis que je suis en prépa, j’entretiens une relation particulière avec la lecture si je puis dire. Non seulement j’ai peu de temps pour lire, et encore moins pour des lectures personnelles, mais en plus chaque lecture s’apparente à du travail, je n’arrive pas à dissocier lecture et cours… Quand j’ai du temps libre, je me dirige beaucoup plus facilement vers des formats qui varient de ce que je peux faire en cours comme les films, les séries ou les expositions car cela me permet de véritablement couper avec mes études - du moins au niveau de la forme -. C’est aussi pour cela que j’ai hâte d’entrer en Master, dans une forme d’études supérieures plus classique qui me laissera le temps et l’envie de lire les livres dont j’ai envie - je ne sous-estime pas pour autant la charge de travail en master, quel qu’il soit ☺️ -.
PS : je ne suis ni critique de cinéma ni génie de la culture, je propose simplement mon interprétation et mon avis personnel qui n’ont en rien valeur de vérité universelle.
Cinéma
Papicha de Mounia MEDDOUR, 2019
Je commence avec la catégorie « cinéma » car c’est là que se trouve mon véritable COUP DE COEUR 2019 comme tu l’auras peut-être déjà vu dans les références de mon précédent article sur le courage. Ce film qui m’a tant marquée, c’est Papicha de Mounia Meddour. Dans l’Alger des années 90, Nedjma, une jeune étudiante de 18 ans, rêve de devenir styliste et confectionne des robes qu’elle vend en boîte de nuit, sur le campus de la fac. En parallèle, la situation politique, religieuse et sociale ne cesse de se dégrader avec la multiplication des actes de terrorisme et la montée du fanatisme islamique - relatif à l’islam -. La caméra suit l’évolution de cette « papicha » c’est-à-dire de cette jolie jeune fille algéroise, qui ici à des revendications féministes, et de ses amies de l’université, chacune confrontée à des destins féminins différents (célibat, maternité, domination masculine…).
Ce qui m’a plu et qui m’a touchée, ce sont d’abord l’histoire et les personnages. Chaque jeune femme a sa propre personnalité, ses propres désirs et ses propres épreuves à surmonter pour se construire en tant qu’individu dans une société qui érige les femmes au rang de « deuxième sexe » condamné à une vie de discrétion et de soumission face aux hommes qui possèdent le pouvoir. Confrontées aux événements qui touchent la ville à ce moment-là, les convictions des jeunes femmes sont bouleversées et métamorphosées. Ce film met en scène la sororité dans sa forme la plus belle et la plus puissante.
La forme du film, la réalisation, les choix artistiques et scénographiques, le montage, les jeux avec la lumière, et j’en passe, participent de la force du propos et de l’émotion provoquée par le contre-point entre la vie des jeunes femmes et les scènes reliées au contexte politique et religieux de la capitale algérienne. Papicha, c’est un ascenseur émotionnel qui joue avec les sensations du spectateur grâce à un clair-obscur cinématographique dynamique.
Je ne peux que te recommander ce film qui fait désormais partie de mes préférés car je pense que même après de multiples visionnages il ne perdra ni sa force ni sa richesse !
Chambre 212 de Christophe HONORÉ, 2019
Temps pluvieux oblige, je me suis réfugiée au cinéma alors que je tentais de visiter un peu plus la ville de Bordeaux lors de cette première semaine de « vacances ». Je suis donc allée voir Chambre 212 de Christophe Honoré (qui a aussi réalisé Plaire, aimer et courir vite). Je dois avouer que je suis restée assez mitigée du début à la fin, et je le suis encore… Comme pour le précédent film du réalisateur, le synopsis et les acteurs attirent et intriguent. Néanmoins, je sors toujours déçue de mon expérience cinématographique.
Synopsis : Après 20 ans de mariage, Maria décide de quitter le domicile conjugal. Une nuit, elle part s’installer dans la chambre 212 de l’hôtel d’en face. De là, Maria a une vue plongeante sur son appartement, son mari, son mariage. Elle se demande si elle a pris la bonne décision. Bien des personnages de sa vie ont une idée sur la question, et ils comptent le lui faire savoir.
Malgré de bons acteurs, un concept intéressant et une réflexion sur l’amour, le couple, la sexualité et l’individu approfondie, j’ai trouvé que ce film manque de dynamique et qu’il a tendance à s’étendre sur des plans et des scènes qui n’ont pas forcément un très grand intérêt pour l’avancée de l’histoire. Pour moi, cette lente progression dessert le propos car le spectateur est vite perdu, lassé voire ennuyé par le manque d’évolution ou du moins la lenteur du mouvement narratif. C’est ce que j’ai ressenti personnellement et bien que j’ai regardé jusqu’à la fin, j’ai vraiment eu du mal à être entraînée/prise par l’intrigue et la composition du film malgré un bon jeu d’acteur. Peut-être une expérience à retenter dans un contexte différent mais pour l’instant, je suis assez insatisfaite.
America, Que reste-t-il du rêve américain ? de Claus DREXEL, 2018
La question de la politique au Etats-Unis est un sujet qui m’intéresse tout particulièrement, c’est donc naturellement que je me suis tournée vers ce film documentaire lorsque je suis tombée dessus par hasard il y a quelques jours. America est un film qui permet de mieux comprendre le contexte de l’élection de Donald Trump en 2016. Ici, le réalisateur/reporter entre en immersion dans une ville reculée de l’Arizona à quelques mois de l’élection. Le candidat élu n’est pas encore connu et les points de vue ne sont pas unanimes puisqu’on trouve aussi bien des Républicains pro-Trump que des Démocrates anti-Trump, voire des habitants plutôt désintéressés quant à la question politique.
Cette compilation de témoignage permet de porter un regard différent sur les Etats-Unis et sur les Etats reculés dits « conservateurs » comme l’Arizona. Quoique certains correspondent à l’image stéréotypée que l’on peut avoir du cow-boy américain, d’autres divergent par leurs opinions et leurs positions. Cette immersion permet d’être au plus proche des habitants grâce à des témoignages authentiques qui transmettent un peu de la réalité vécue de ses personnes.
Même pour quelqu’un qui n’est pas attiré par la question, je pense que ce documentaire est un bon moyen de découvrir les Etats-Unis, loin de l’image des grandes villes telles que New York et Los Angeles qui ne représentent que la vitrine du pays. De plus, je ne compte plus le nombre de plans et de paysages tout simplement magnifiques dans ce film : soleil ardent, terre rouge, ciel bleu intense et anciens bâtiments typiquement états-uniens créent un contraste sublime !
Séries
The Affair de Sarah TREEM et Hagai LEVI - Saison 5 (2019)
Je suis cette série depuis le début. J’ai été séduite par l’histoire, les personnages et surtout par la composition/forme qui divise chaque épisode en plusieurs partie, chacune étant attribuée à un personnage et focalisée sur son point de vue des événements. L’intrigue de la première saison repose sur un adultère : Noah Solloway entame une liaison avec Alison Lockhart alors qu’il est marié et père de quatre enfants. Dès lors, les événements se complexifient et s’entremêlent. Entre New York et Montauk puis Los Angeles, les personnages révèlent leurs personnalités et leurs traumas. La confrontation des points de vue donne de l’épaisseur à l’intrigue et au déroulement de l’histoire. Dans une autre dimension, il permet également de percevoir la place accorder aux hommes et aux femmes dans la société.
Dans la saison 5, l’histoire se poursuit à Los Angeles avec les mêmes personnages principaux qui ont bien changé depuis la première saison. Toujours sur le même modèle des épisodes divisés en deux ou trois parties, la narration se poursuit mais cette fois elle prend une dimension temporelle différente avec un personnage dans le « futur ». La série change d’angle d’approche et se penche sur des sujets comme l’environnement ou le harcèlement sexuel en pleine période #MeToo. Personnellement, à première vue, je n’ai pas vraiment compris le lien entre l’histoire et ces problématiques sociétales. La projection dans le futur me gêne encore aujourd’hui car sans lien réel avec la saison précédente. Néanmoins j’attends de voir comment les choses vont évoluer. En réalité un lien entre série et société existe dans toutes les productions, toutes les séries aient quelque chose de notre monde mais il est vrai que cette nouvelle approche m’a un peu perturbée voire déçue car trop directe peut-être.
Mytho de Fabrice GOBERT et Anne BEREST - Saison 1 (2019)
J’ai déjà cité cette série la semaine dernière dans les références autour du courage car il me semble qu’elle illustre bien les limites de certaines formes de courage ou de prise sur soi. Sortie cette année sur Arte, Mytho c’est l’histoire d’Elvira une mère de famille et une épouse dévouée et épuisée. Fatiguée d’être transparente aux yeux de sa famille pour qui elle donne tout mais ne reçoit rien en retour, elle décide de leur faire croire qu’elle est atteinte d’un cancer. Quoiqu’elle tente rapidement de se raviser, elle s’enlise dans son mensonge et trahit la confiance de tous ses proches.
Cette série est l’occasion de porter un regard sur le phénomène de charge mentale mais aussi sur l’entité de la famille dans son ensemble. Loin de ne se concentre que sur Elvira, la série met en scène les personnalités et problèmes de chacun (adolescence, transidentité, adultère, construction de l’individu, féminité/maternité, place de la femme dans la société…). J’ai donc vraiment apprécié Mytho pour toutes ces réflexions qu’elle soulève et illustre, même si elles peuvent parfois être considérées comme « taboues ».
Musique (une petite sélection parfaite pour cette saison automnale je trouve)
The Neighbourhood, Hard To Imagine The Neighbourhood Ever Changing :
- Void
- Scary Love
- You Get Me So High
- 24/7
- Stuck With Me
TENDER, Fear Of Falling Asleep :
- Bottled Up
- Slow Love
- Closer Still
- Lower
Mild Orange, Foreplay :
- Some Feeling
- Stranger
- Selfish Lover
- Outro
Exposition
« Memphis - Plastic Field » au Musée des Arts décoratifs et du Design de Bordeaux : A l’occasion de mon sort séjour à Bordeaux, j’ai voulu découvrir les musées de la ville. Par manque de temps, je n’ai pas pu visiter le Musée d’Art contemporain mais j’ai eu l’occasion de faire un tour à celui des Arts décoratifs et du Design. Pour ce qui est de la collection permanente, je m’attendais à davantage de design mais finalement la collection se composait d’objets et meubles du XVIIIe siècle.
Toutefois, l’exposition temporaire, située dans une ancienne prison, est consacrée au groupe Memphis (que je ne connaissais pas avant ce jour), fondé en 1981 par Ettore Sottsass et qui rassemblent de jeunes architectes. Ce mouvement est une réaction contre l’embourgeoisement du design. Memphis rompt avec les codes de la modernité et du rationalisme avec des courbes à la fois simples et excentriques, de couleurs pétillantes et vives, des motifs géométriques presque tribaux parfois. Je te conseille vraiment de jeter un oeil à ce groupe étonnant des années 80 ! Rafraîchissant !
« Nous sommes devenus des explorateurs. Peut-être sommes-nous capables de naviguer sur des rivières larges et dangereuses et de faire notre chemin dans des jungles où personne n’est jamais allé. » Ettore Sottsass (1981)
Instagram
Yellow Trace : Un compte design/architecture aux inspirations variées et aux lignes épurées qui font toujours rêver ! J’ai passé un an en école d’architecture après le bac et pourtant c’est maintenant que je n’y suis plus que j’apprécie et que je m’intéresse davantage à tout ce qui est en lien avec le design et l’architecture. Étrange. 😅 @yellowtrace
Alice Gao : Voici le compte d’une photographe que j’avais découverte il y a maintenant des années grâce à son blog et que j’apprécie vraiment pour son style minimaliste et délicat, toujours intemporel. Elle parvient à voir et trouver le beau dans chaque chose j’ai l’impression. Même les corbeilles à fruits deviennent artistiques avec elle ! @alice_gao
Youtube
Wear I Live : « Wear I Live is focused on what we’re wearing, how we’re living + it’s effect on the planet and its people » (« Wear I Live se concentre sur ce que nous portons, sur comment nous vivons + sur l’effet que cela a sur la planète et ses habitants »)
Sur cette chaîne anglophone, Jenny, une jeune femme américaine qui vit à New York, évoque des sujets qui lui plaisent et lui correspondent (mode éthique et durable, véganisme et alimentation, bien-être physique et mental…). Je la cite ici bien que le la suive depuis déjà quelques temps car sa personnalité et sa façon de voir les choses sont très éclairantes, inspirantes et motivantes. Elle a un physique qui ne correspond pas aux canons de beauté des magazines et un style vestimentaire vintage et atypique qui sort de l’ordinaire et c’est ça que j’apprécie. Elle est différente, elle est humaine et respire la joie de vivre et la tolérance, deux choses dont on aurait un peu plus besoin dans ce monde. 😜
DirtyBiology : Sur cette chaîne française, Léo, qui à l’origine fait de la vulgarisation scientifique, évolue de plus en plus vers un contenu plus dense avec notamment des (mini) reportages scientifiques accessibles à tous. Je l’ai découvert il y a peu de temps et je recommande vraiment ces vidéos qui permettent - même aux moins scientifiques d’entre nous - de comprendre des sujets qui nous concernent sous un angle scientifique ! J’ai tout particulièrement apprécié la vidéo « Ces fusillades contagieuses » et la plus récente, « Le jour où l’humanité arrêtera le sexe ». Très intéressant !
J’espère que ce nouveau format d’article t’aura plu. C’est le moyen pour moi de partager un peu plus ce que j’aime et aussi de mener des réflexions en second plan, contrairement à d’habitude où elles sont premières et les références secondes. ☺️
Toutes les photos et réflexions sont personnelles, merci de respecter les droits.

De très bonnes références de ton côté aussi ☺ Je n'ai pas encore eu l'occasion de voir Papicha, mais cette critique confirme mon envie de le voir !
RépondreSupprimerEt j'adore toutes tes photos, je trouve que c'est vraiment une valeur ajoutée à tes articles.